Audi chasse sur les terres de Porsche

LA RéCENTE augmentation de la prise de participation de Porsche dans le groupe Volkswagen l’a propulsé au rang de principal actionnaire. Le Petit Poucet Porsche préside désormais aux destinées du géant Volkswagen, et par là même à celles d’Audi. La plus jeune marque du groupe est aussi la plus profitable. Et elle n’entend pas s’arrêter en si bon chemin. Pour combler les niches qui subsistent encore au sein de sa luxueuse gamme et asseoir encore son image de constructeur «- premium- », ses têtes pensantes ont décidé d’investir le créneau des coupés d’exception. C’est ainsi qu’est née la R8, un puissant coupé sculpté dans l’aluminium dont les 420 pur-sang ne demandent qu’à se cabrer. La clientèle visée est moins celle des tifosi adorateurs de Ferrari que celle des porschistes. L’indémodable 911 en a vu d’autres mais cette fois l’offensive est menée par l’un des trois spécialistes du haut de gamme que sont Audi, BMW et Mercedes. C’est ce qui la rend redoutable. Et inattendue, compte tenu que le président du directoire du groupe Volkswagen n’est autre que Ferdinand Piëch, petit-fils de Ferdinand Porsche, à l’initiative du rapprochement entre les deux marques. Certes, avec son V8 en position centrale arrière, le coupé R8 est un strict deux places, tandis que le 6 cylindres en porte-à-faux arrière de la 911 autorise une configuration 2 +- 2 places. Mais un coupé de grand tourisme se définit aussi et surtout à travers son niveau de performances et son efficacité routière. Et force est de constater que Audi et Porsche partagent une même approche du grand tourisme. Pour avoir eu le privilège de parcourir plusieurs centaines de kilomètres au volant de la R8, dont près de la moitié sous une pluie battante, nous pouvons attester que le coupé Audi est, à l’instar de la 911, parfaitement utilisable au quotidien et apte à dévorer des milliers de kilomètres par tous les temps. Et ce n’est pas une surprise car, à la lecture de la fiche technique de la R8, on constate que la recette utilisée par Audi contient plusieurs ingrédients que l’on retrouve souvent au menu du grand chef Porsche- : réponse linéaire du moteur, transmission intégrale permanente et freinage surdimensionné. Lancement le 24 mai Le V8 4,2- l du coupé R8 est emprunté à la berline RS4. Ce 8 cylindres à injection directe est un modèle de souplesse et son allonge est remarquable. Des ?clapets à l’échappement le musellent à bas régime mais, en maintenant la pression sur l’accélérateur, le registre change et le tempo s’accélère méchamment. Nous lui avons même trouvé des accents de Lamborghini. Audi annonce le 0 à 200- km/h en 14,9 s et une vitesse de pointe de 301- km/h. à noter que c’est la première fois qu’Audi rompt l’engagement à ne pas commercialiser de modèles roulant à plus de 250- km/h. Les automobilistes allemands pourront le vérifier d’autant plus sereinement que la R8 est équipée, comme tous les hauts de gamme Audi et certaines Porsche 911, de la transmission intégrale chère à Ferdinand Piëch. Cette dernière rappelle, dans son principe, celle de la cousine Lamborghini Gallardo avec un viscocoupleur central transférant de 10 à 35- % du couple sur les roues avant. Audi a par ailleurs suivi l’exemple Porsche dans le domaine du freinage en optant pour de monstrueux disques avant de 380- mm de diamètre, pincés par des étriers 8 pistons. Et l’élève dépasse parfois le maître, comme dans le domaine du confort ou de la facilité de pilotage. Le compromis retenu pour les suspensions de la R8 frise en effet la perfection. Plus souple à basse vitesse qu’une 911, la R8 sait parfaitement se tenir quand le rythme s’accélère. Du coup, l’option amortissement piloté Audi magnetic ride n’apparaît pas indispensable. Le coupé Audi tire également profit d’une meilleure répartition des masses (44/56- %) que la Porsche pour se montrer plus stable en virage. Un habitacle spacieux, un confort de roulage étonnant, une insonorisation soignée, des performances de pointe et une superbe efficacité routière doublée d’une grande facilité de conduite- : Audi n’a pas raté son entrée dans le très sélect club des constructeurs de voitures de sport. On peut simplement déplorer le faible volume du coffre de la R8 (100- l) et de son réservoir (75- l) mais une 911 est logée à la même enseigne. Au final, le seul vrai reproche que l’on pourrait formuler à l’encontre de l’Audi R8 est qu’elle apparaît si parfaite que d’aucuns risquent de la trouver un peu fade. Et elle nous rappelle en cela la Honda NSX, une autre GT conçue par un constructeur dont ce n’était pas la spécialité. Il paraît que les porschistes sont fidèles. Le lancement du coupé R8 le 24- mai prochain va soumettre cette fidélité à rude épreuve. L’Audi n’est certes pas donnée. En ajoutant quelques options indispensables à son tarif de base fixé à 106- 900- eur et en puisant dans l’important programme de personnalisation, on frise les 130- 000- eur, ce qui la rapproche d’une 911 Turbo. La R8 est moins démonstrative mais pas moins performante et elle présente l’avantage d’être disponible avec une boîte robotisée qui fait toujours défaut à la 911. Un dernier mot pour dire que Audi France prévoit pour les clients qui le souhaitent une livraison sur le circuit du Castellet agrémentée de quelques cours de pilotage. Des journées circuit seront en outre proposées tout au long de l’année. Comme en propose Porsche France...

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